« Amateurisme, auteurs ratés, livres de mauvaise qualité… »
c’est un florilège d’a priori à la simple évocation du mot autoédition.
Pourtant, ce sont bien des milliers d’exemplaires de livres d’autoédités qui s’écoulent chaque jours sur les plateformes dédiées.
Il est l’heure de déconstruire les idées préconçues !
RATÉS ➜ LIBRES
Si je vous dis que, parmi les autoédités, vous trouverez des auteurs qui ont d’abord signé avec une maison d’édition, vous ne me croirez pas. Pourtant, c’est bien le cas. Ces auteurs ont préféré, à un moment donné, « reprendre leurs droits ».
La cause ? L’incompréhension au sein du couple auteur-éditeur.
Choix de la couverture, texte de quatrième, date de sortie, promotion… autant d’arbitrages qui restent hors de contrôle de l’auteur édité.
Face au désagréable sentiment d’être la dernière roue du carrosse, rompre le contrat est alors le moyen de rester maître de son travail et du destin de son livre.
« Alors que la situation des auteurs mérite que les choses bougent enfin, on reste figé dans un univers guindé, certain de ce qu’il faut faire ou non, et allergique à toute évolution. L’auteur est le principal acteur dans le processus de vie d’un roman, sans lui, pas de livre. Pourtant, c’est le dernier à qui on donne la parole la plupart du temps, et le dernier que l’on rémunère aussi… » Amandine *
OPPORTUNISTES ➜ RÉALISTES
Justement, parlons rémunération. Combien perçoit l’auteur sur la vente d’un livre ?
Quand vous achetez un livre en librairie, vous rétribuez le travail de l’auteur, mais aussi celui de l’éditeur, de l’imprimeur, du diffuseur, du distributeur et du point de vente.
Si je dégaine mes chiffres officiels**, l’auteur perçoit entre 5% et 15% du prix de vente HT. Pour quelques « happy few », ce taux peut grimper de 15% à 20%, voire au-delà.
C’est là que le bât blesse, surtout pour les auteurs à faible rémunération.
Par la suppression des intermédiaires, l’autoédition permet une rétribution plus importante :
Autour de 20% pour un livre broché
Jusqu’à 70% pour un livre numérique
« Les maisons d’édition traditionnelles ont certainement une plus grande capacité à toucher de nouveaux lecteurs. Mais je ne suis plus prête à céder mes droits d’auteur pour un mini pourcentage. » Julie*
INSOUCIANTS ➜ IMPLIQUÉS
Mais à lui seul, un pourcentage ne suffit pas pour vivre de sa plume. L’autoédition requiert donc un engagement sans faille de la part de l’auteur pour fédérer une communauté et promouvoir son livre : dédicaces en salon, création d’un site internet, animation de pages auteur sur les réseaux sociaux. Une implication indispensable pour gagner sa place et être reconnu dans ce secteur.
« Il est dommage d’entrer dans l’autoédition par déception. Il faut vraiment en avoir envie. Il faut accepter que 50% de son temps soit consacré à la communication et la promotion. Moi, c’est mon travail à temps plein. » Erwan*
AMATEURS ➜ PROFESSIONNELS
Loin d’être des fou-fous qui font n’importe quoi, les auteurs autoédités gardent une grande lucidité quant au marché de l’autoédition. Beaucoup choisissent de s’entourer et n’hésitent pas à solliciter l’aide d’un relecteur, d’un correcteur, d’un graphiste, d’un illustrateur, d’un imprimeur (et même de certains libraires) pour les épauler et les accompagner dans ce chemin éditorial.
Publier un livre, oui ! Mais pas n’importe comment !
« Je sais que l’on trouve de tout dans l’autoédition et qu’elle peut avoir mauvaise presse, mais je sais que l’autoédition, à condition d’être accompagné par des pros ou se former professionnellement, peut être toute aussi qualitative que l’édition traditionnelle. »
Karima*
DÉPIT ➜ CHOIX
Vous l’aurez compris, s’autoéditer n’est pas la solution par dépit qui est communément acceptée.
C’est un choix. Un choix réfléchi qui ne s’improvise pas. Car au-delà de son rôle d’écrivain, l’autoédité (s’il veut avancer seul) doit accepter de porter plusieurs casquettes :
Celle de l’éditeur, en assurant la coordination éditoriale ;
Celle du diffuseur / distributeur en tant que premier ambassadeur de son livre ;
Celle du communicant qui se doit d’être aussi bien performant sur un salon, que sur les réseaux sociaux.
Alors, êtes-vous enfin prêt à accorder à l’autoédition le regard qu’elle mérite ?
* Pour respecter l’anonymat des témoins, les prénoms ont été modifiés.
** 8e baromètre des relations auteurs/éditeurs, Scam, SGDL, 2021.
Cathy Mandonnet
Accompagnatrice d’auteurs indépendants